lundi 14 mars 2011

LA FUGUE DE DAKOTA (Maroc 2011)

Le samedi 5 février, nous nous installons au camping La Ferme SERDRAR à quelques kilomètres de TAZZARINE. Le dimanche 6 février en fin d'après-midi, nous discutons dans le camping-car de notre prochain lieu de villégiature et du camping où passer peut-être quelques jours, quand tout à coup je me suis aperçue que Dakota n'était plus dans son panier. Je fais le tour du camping sans l'apercevoir, je demande à Saïd – l'employé du camping - aux autres touristes, personne ne l'avait vu. Un autre employé nous fait signe qu'il l'a vu partir à l'extérieur. Saïd, l'autre employé et moi-même partons donc à sa recherche. Nous l'apercevons à quelques centaines de mètres sur notre droite puis plus à gauche. Les deux marocains accélèrent brusquement le pas et me distancent rapidement, malgré mes mises en garde de ne pas le poursuivre car le chien risque de fuir de plus en plus loin. Hélas, c'est ce qui s'est passé. La nuit venant, je fais ½ tour de peur de me perdre également. Il faut imaginer l'environnement : au bout d'une piste de 6 kms, un camping au milieu d'une petite oasis avec quelques arbres, des palmiers et des cultures de légumes, mais autour des dizaines et des dizaines de km² de sable et de cailloux, et de rares mini villages dont le premier se trouve à 3 kms et le troisième à 8 kms. Le chien n'a pas réapparu le soir, ni le lendemain. Le matin, Saïd nous fait savoir qu'il a prévenu toutes les personnes aux alentours, dans les villages, pour avoir des indices. Nous partons avec Idir – le propriétaire du camping - sur le chemin pris la veille par le chien jusqu'à la rivière où il avait été perdu de vue dans la nuit, mais pas de chien, juste des traces de pattes. A midi, Saïd nous informe que le chien a été repéré près de l'école d'un village « assez loin » où nous ne pouvons aller à pied. Idir, le propriétaire, qui ne parle pas le français y part donc avec sa « moto » (mobylette) puis revient plus tard sans le chien. Il nous fait comprendre qu'il a vu le chien mais qu'il s'est enfui. En fin d'après-midi J.P part seul vers le village qui n'est pas si loin que ça et un peu plus tard Saïd me demande également d'aller au village avec une femme et sa fille Saïda de 8 ans. D'autres femmes me rejoignent en cours de route et toutes m'indiquent des traces de chien un peu partout (j'ai des doutes !!). Seule Saïda parle correctement le français. Après avoir beaucoup marché, je suis découragée et, la nuit tombant, je leur demande de rentrer au camping et de ne plus s'occuper des recherches qui me semblent totalement inutiles et surtout désorganisées. A son retour, JP me raconte que le propriétaire du camping l'a rejoint avec sa moto et avant même d'avoir pu se rendre au village, l'a obligé à monter sur le porte bagage pour lui montrer des traces de pattes, très loin de là, plus au sud. Beaucoup de discussions avec les différentes personnes qui participent aux recherches ; on nous dit que si on a des indices pour retrouver le chien, il faudra peut-être verser une récompense, ce dont nous sommes tout à fait d'accord, sans en définir le montant.
Deuxième nuit sans Dakota … Nous commençons vraiment à nous faire du souci pour lui et désespérons de le retrouver. Nous décidons d'attendre encore un jour au camping et d'entreprendre seuls au petit jour une recherche autour du village et des cultures de carottes où Dakota aurait été aperçu.
Rien, toujours rien, beaucoup de personnes l'ont vu, mais pour nous il est toujours invisible. A midi, JP discute avec Saïd pour lui faire comprendre notre attachement à ce chien – ce qui pour les marocains ne veut rien dire – que sauf miracle on ne reverra sans doute jamais. Il l'informe qu'il reprendra les recherches à 14 h et que, sans résultat, nous partirions le lendemain matin sans savoir ce qu'allait devenir notre Dakota ou plutôt en imaginant trop bien ce qui allait lui arriver !! A 12 h 45 Saïd vient chercher JP : « vite vite, prends tes affaires et un peu à manger pour le chien, on sait où il est, dans un autre village, tu pars en moto ». Le temps passe – entre une et deux heures – puis Saïd et toutes les femmes m'appellent « madame, madame, ça y est, monsieur a le chien, il a été retrouvé, c'est sûr ». Quel soulagement ! quel bonheur ! j'embrasse tout le monde en les remerciant. On appelle JP sur son portable pour avoir la confirmation. Dakota est bien avec lui, il est en bonne santé. « Je te raconterai » me dit-il. A leur retour, je constate que Dakota est un peu amaigri, qu'il est très sale, qu'il sent la chèvre et que ses coussinets sont très abimés. Il semble bien fatigué.
Mais que s'est-il passé en cet après-midi du mardi 8 février dans ce village où l'on a enfin retrouvé notre Dakota ? En voici la narration par le principal acteur, JP :
Alors que nous finissons de déjeuner et que trois camping-car arrivent pour se garer, Saïd accourt en trombe et me lance : « M'sieur Jean-Pierre il y a du nouveau, le chien est repéré dans un village loin loin » (en me montrant le sud) prenez un sac et de la nourriture pour Dakota. Dans le même temps je vois passer Idir qui se dirige en courant vers son habitation. Saïd me demande de le suivre, je lui emboite le pas à la course au milieu des autres résidents qui visiblement ne comprennent pas ce qui se passe et je le rejoins devant sa kasbah située derrière le camping.
Il enfourche avec fougue sa petite moto et me demande d'en faire de même, et nous voilà partis sur sa pétrolette qui comme la veille émet toujours des forts claquements à petite vitesse. Nous sortons de son enclos et partons vers l'est par une piste peu praticable. Idir me fait des signes indiquant que nous allons prendre la direction du sud, passe la troisième vitesse, mais pour l'instant je préfère me tenir solidement au porte-bagages et rentrer mes pieds que de savoir dans quelle direction nous nous dirigeons ! Le passage dans le lit sablonneux d'un oued nous fait zigzaguer et Idir rétablit l'équilibre en mettant au sol ses pieds. Voyant arriver d'autres passages délicats, je tape sur son épaule et lui fais comprendre de ralentir , après tout vu la distance où se trouve le village que je n'aperçois pas, nous ne sommes pas à une minute près pour retrouver l'animal.
Après un brusque virage à droite pour prendre une piste, nous voici fonçant dans un désert de pierres et de sable, plat à l'infini, et je me demande ce que je peux bien faire ici. Après plusieurs kilomètres sur la piste et beaucoup de chassés rétablis in extremis, je commence à apercevoir un château d'eau dans la brume, mais devant nous se dresse une barrière de sable, on verra bien lorsque nous y serons. Petit à petit, nous approchons de la barrière, je vois qu'il y a des trous ... ouf ça va passer.
Nous approchons du village. Sur la gauche, au bord de la dépression, se tient sur un vélo un guetteur très voyant avec son gilet fluo jaune. Idir le questionne au passage. Que se sont-ils dit ????
Nous repartons pour le village, petit bourg très poussiéreux qui domine des cultures presque à perte de vue sur la gauche, mais juste aux portes d'un désert cette fois-ci de sable et du vrai ! Nous arrivons sur la place du village, sans casse ouf !
Il y a là une remorque attelée à un tracteur, un tas de pierres, une terrasse de bar où quelques hommes en djellaba sont assis, des enfants qui courent et d'autres avec des cartables qui se dirigent vers l'école du hameau. On me regarde avec étonnement, car je suis un étranger.
Idir qui était entré dans une maison en ressort avec un homme handicapé et tous deux se dirigent vers le tracteur et commencent à palabrer. Visiblement nous allons utiliser le tracteur mais la remorque est encore attelée. D'un seul élan les hommes attablés à la terrasse du café se lèvent et viennent empiler des grosses pierres plates pour y poser l'attache de la remorque. En deux minutes la remorque est séparée du tracteur et on me fait comprendre de monter. Nous voici partis on ne sait où …. mais qu'est ce que je suis venu faire dans cette galère ? Ah oui, récupérer Dakota qui doit être dans les cultures, pourchassé par des gens du village.
Nous repartons avec le tracteur à toute allure sur le chemin. J'ai beaucoup de peine à me tenir sur le garde-boue de la roue et ma tête et mes bras tapent sur les supports de la galerie qui sert de protège soleil. Si ça continue je vais avoir des bleus.
Dans le bruit, les chocs et la poussière, un portable sonne. Le conducteur donne le portable à un bédouin monté à l'arrière sur la boule de la remorque. Il décroche et annonce une grande nouvelle, Idir me congratule : le chien est attrapé et nous allons rentrer au village. Soupir de soulagement.
Pas du tout, nous prenons une nouvelle direction, plein sud. Le tracteur maintenant navigue au milieu des parcelles et se fraye un chemin jusqu'à un riad, s'arrête à une centaine de mètres : ldir et moi partons sans un bruit, sur la pointe des pieds à la recherche de Dakota. Nous passons un erg de sable qui court tout le long des plantations et qui sépare les cultures du désert. Nous faisons le tour de la bâtisse et du puits sur la pointe des pieds, comme les sioux dans les premiers films de western : rien et rien. Idir me montre des traces sur le sable, je fais la moue : je ne reconnais pas les traces qu'il m'affirme être celles du chien, les mêmes traces qu'il a voulu me montrer hier soir loin du premier village mais en direction d'ici.
Vite, vite,venez nous rejoindre, nous indique par gestes un ouvrier posté le long de l'erg, nous faisant comprendre qu' »il » est là, là dans les plantations. En courant, nous rejoignons l'ouvrier qui m'assure par gestes une nouvelle fois qu' »il » est bien là. Entre temps, le tracteur a franchi l'erg. Nous y remontons car un peu plus loin on vient encore de voir le chien. Un autre ouvrier sorti de nulle part me montre en dirigeant ses deux doigts vers ses yeux qu'il a bien vu le chien, que moi, pauvre étranger je n'arrive pas à voir ni même à apercevoir. Un autre ouvrier sur une mobylette m'appelle : son copain voit le chien dans les plantations. Le copain sort du talus et s'adresse à moi en français : « il est là, il sort des cultures et se dirige vers le village » village situé en hauteur face à nous maintenant. L'ouvrier à la mobylette prend son copain sur le porte bagage et tous deux poursuivent le chien censé galoper vers le village mais que je ne vois toujours pas, pas même la poussière de sa course alors que l'engin motorisé soulève un gros nuage de poussière. Nous avons fait depuis le départ du village un grand tour de deux à trois bons kilomètres, et vite nous remontons sur le tracteur qui a suivi, pour rattraper la mobylette qui a bifurqué sur la gauche. A toute vitesse, nous partons et passons par la droite sur l'injonction de Idir. Soudain nous ralentissons pour entrer dans le village et tournons à gauche dans une rue. En même temps, débouchant d'une rue par la droite, arrive face à nous la mobylette dont le conducteur tient Dakota sous son bras tout en conduisant. On me remet le chien pas du tout essoufflé mais les moustaches fraichement mouillées, alors que je m'inquiétais sur son état. J'avais en effet durant la poursuite vérifié si j'avais emporté une bouteille d'eau et fouillé en vain dans mon sac à dos, je n'avais pas d'eau. Après une telle course poursuite, le quatre pattes aurait dû être très assoiffé et essoufflé.
Les retrouvailles faites avec Dakota, je me retrouve curieusement seul avec le conducteur et deux de ses acolytes. Pour récompenser tout ce monde, je sors de mon porte-monnaie le seul billet de 1OO dirhams en ma possession, mais à ma grande surprise personne ne semble vouloir le prendre ….Le conducteur finit par accepter. Puis les deux ouvriers sur la mobylette reviennent et me présentent un papier jaune ainsi libellé :
On a dépensé beaucoup d'essence et perdu beaucoup de temps sur notre travail pour chercher et récupérer ton chien. Monsieur. Tu dois une récompense de 500 dirhams (50€) merci
Ma surprise passée, je reprends le billet de 100 dirhams et le donne aux deux ouvriers de la mobylette. Bien sûr ils ne sont pas d'accord avec la somme.
Comme par hasard, l'homme qui parle le français et Idir reviennent vers moi et m'expliquent qu'il faut payer.....(la rançon). Comme je n'ai pas l'argent et toujours sous le coup des retrouvailles avec Dakota je leur promets que je remettrai le reste à Idir à notre retour au camping.
Nous emballons et attachons le chien dans le sac à dos en laissant juste dépasser la tête et nous repartons pour le camping.
Sur les pistes du retour, j'ai droit de la part de Idir à une chansonnette de bonheur d'avoir retrouver le chien (ou de toucher une partie de la récompense ?)
A notre retour au camping, Chantal nous accueille avec grand soulagement.
A peine le temps de boire un rafraichissement que les hommes qui avaient soi disant perdu beaucoup d'essence et de temps sur leur travail débarquent au camping pour toucher la récompense promise. Saïd sert d'intermédiaire et je lui explique que je consens à donner encore 200 dirhams mais pas plus. Il s'en suit d'interminables palabres et comme je ne cède pas, Idir donne les 200 dirhams manquants sur la caisse du camping. Me voilà bien obligé de donner les 200 dirhams à Idir !! Les deux hommes contents d'avoir toucher intégralement leur rançon partent sans aucun salut. Je m'empresse de les rattraper et je leur demande par l'intermédiaire de Saïd de me saluer et comme ils refusent je demande à prévenir le caïd local : les deux RANCONNEURS reviennent sur leurs pas et nous faisons la paix.
Nous ne sommes pas dupes : vu l'état du chien à la restitution, le tour en mobylette et en tracteur n'étaient qu'une mascarade pour nous rançonner.
Il eut été plus simple que les deux motocyclistes viennent nous ramener le chien au camping, et devant le « coca cola » de l'amitié nous aurions donné cette récompense de 500 dirhams envisagée le matin même.
La joie de Chantal et le bonheur de Dakota valent bien plus de 500 dirhams, mais ça il ne faut pas leur dire......
Depuis cette aventure, nous avons donné un nouveau nom à notre chien :

Dakota, le Prince du Désert

samedi 31 juillet 2010

Le CAP NORD en camping-car (juin-juillet 2010)

Depuis le temps que nous en rêvions, voici venu le jour de notre départ pour cette grande aventure que représentent pour nous les pays scandinaves et le mythique Cap Nord.

La traversée de la France sur une ligne assez directe Bordeaux / Mulhouse en passant par Guéret, Chalon s/Saône, Besançon se réalise sans encombre, sous un temps moitié ensoleillé, moitié couvert.
A part quelques bouchons de ci de là, le passage aux abords des grandes villes allemandes pose peu de difficultés. Nous passons deux jours à Kirchheim dans un camping près d'un lac. Belle journée ensoleillée avec un agréable 28° dans l'après-midi. Dans la soirée, un très gros orage nous apporte beaucoup de vent, de pluie et de grêle.

Nous continuons notre traversée de l'Allemagne en passant près de Kassel, Hanovre, Hamburg sur des autoroutes entièrement gratuites. Certaines portions sont sans aucune limitation. Les allemands possèdent, pour la plupart, de grosses voitures puissantes : roulez petits bolides !!! Surprenant pour nous, français habitués à être bridés par une vitesse toujours limitée.

Depuis l'île Fehmarn nous prenons un très beau ferry pour une traversée de 45 mn et passons au Danemark en arrivant à Kobenhavn (Copenhague) sous la pluie et une température de 13°. Nous prenons le bus pour visiter la ville. Dans un premier temps, direction le canal, pour voir les jolies façades de couleurs, les bateaux amarrés, les bâtiments anciens et modernes.

Puis nous faisons une incursion dans le célèbre quartier Christiana où vivent des marginaux grâce au business … et où les photos sont interdites ! Nous ne pourrons voir la célèbre « Petite Sirène » partie en voyage en Chine se faire admirer à l'Exposition Universelle. Le temps a alterné toute la journée entre soleil, pluie et vent.

On commence à découvrir certaines caractéristiques du grand nord : le soir à 11 h il ne fait pas vraiment nuit et à 2 h du matin il fait déjà jour.
A la sortie du mythique pont ORESUND long de 17 kms qui relie le Danemark à la Suède, nous sommes accueillis à 8 h du matin par un douanier qui nous demande si nous avons un animal puis fait souffler JP pour vérifier son taux d'alcoolémie (nul, bien entendu !).

Nous poursuivons notre route vers Linkoping, Norrkoping, Nykoping, avant d'arriver à Stockholm. Beaucoup, beaucoup de vert, des immenses champs, des pins et des sapins, tout au long de la route et des jolies maisons en bois de couleur, surtout comme dit JP le « rouge bordeaux suédois ». La température devient « estivale » sous ces latitudes (22 °). Les suédois ont sorti les shorts, les manches courtes ou les petits hauts à bretelles. Nous nous installons dans un camping à Mälarhöjden dans la banlieue de Stockholm, près d'un port de plaisance, ce qui nous permettra demain de visiter la ville tranquillement grâce au métro. Dans l'après-midi trois couples français camping-caristes s'installent comme nous. Certains « montent » vers le Cap Nord, d'autres en reviennent. Nous échangeons nos expériences devant un petit apéro improvisé.
Pour visiter Stockholm nous achetons un pass pour circuler librement tout au long de la journée dans les différents quartiers. A midi nous assistons à la relève de la garde au Palais Royal puis nous prenons un bateau croisière qui effectue le tour de l'île Kungsholmen en glissant sur un canal étroit. Nous avons beaucoup aimé cette ville pleine d'ambiances, pour son architecture, ses parcs, ses îles et ses canaux, et dont les habitants sont très cool.

Nous sommes tombés pile pendant les préparatifs du mariage de Victoria – la fille aînée du couple royal actuel, future souveraine de la Suède – avec Daniel, un « roturier », événement largement relaté et commenté dans les journaux locaux et télévisions mondiales. Nous avons eu la chance d'avoir une très belle journée ensoleillée avec une agréable température de 22°.

Le lendemain matin, par contre, il tombe une pluie fine et froide pas très agréable. Sur le parking de l'embarcadère entre Stockholm et l'île Aland, un spectacle peu commun nous attend : des centaines de voitures type américaines des années 50 sont réunies (Chevrolet, Cadillac, Pontiac …) avec à leur bord des jeunes et moins jeunes affublés à la mode des mêmes années, écoutant des musiques bien entendu appropriées. La bière aidant, l'ambiance est à la rigolade et aux excès en tous genres. Tout ce beau monde embarque sur un ferry en direction de Tallinn en Estonie. Nous prenons place à bord du ferry Silja Symphonie qui a tout du bateau de croisière, avec cabines sur cinq ponts, restaurants, bars, machines à sous, magasin Taxe Free, salon de coiffure, sauna, pont promenade. Il ne manque que les robes à crinoline et les beaux chapeaux des élégantes !
Après 5 heures de traversée, nous accostons à l'île Aland et sommes les seuls à débarquer à 23 h 45 locales, alors que le crépuscule arrive. Le lendemain matin, en suivant une route bordée de forêts de hauts sapins, notre première impression est d'être déjà dans un pays de trappeurs. A Eckero au bord de la mer Baltique, nous découvrons un très agréable camping le Degersands Camping où nous passons deux jours. Le premier jour, beau temps mais pas très chaud (15°) pour nous du moins, car les autochtones sont en maillot de bain et se baignent. Toujours et partout, tout est relatif !
Dans la soirée, le brouillard engloutit tout le paysage. Ce sera la première nuit sans nuit. Tôt le matin, quel beau décor ! le soleil brille et fait miroiter la mer toute proche. Une grande paix règne dans ce lieu, on n'entend que la mer, le vent et les oiseaux. Farniente et radio seront les deux ingrédients principaux de cette superbe journée qui est aussi celle de la fête des pères. Nous sommes un peu loin de nos filles mais internet et le téléphone portable nous permettent de nous rapprocher. Dans l'après-midi la température monte à 22° alors que les nouvelles de France nous informent qu'il n'y fait pas plus de 15° avec un temps maussade.

Nous quittons un peu à regret ce camping bien agréable pour nous diriger vers Marienhamn, reprendre le ferry pour une traversée de 5 heures par beau temps et mer calme - nous offrant depuis le pont 12 le spectacle grandiose des multitudes d'îles disséminées sur la mer - en direction de Turku Abo où l'arrivée s'effectue à une vitesse très limitée car le chenal sinueux semble plus étroit que le bateau ! Mais ce n'est qu'un effet d'optique. Nous voici donc sur le « continent » finlandais.

Deux grosses journées d'une route toute droite, un peu monotone dont le paysage est constitué presque exclusivement de forêts épaisses que quelques petits villages et de belles rivières viennent égayer parfois, et nous voici à Oulu dans la province LAPONIE, puis quelques kilomètres après Rovaniémi, nous atteignons le Cercle Polaire Arctique (66°33'07 N – 25°50'51 E) que les Saamis (autrefois les lapons) appellent Napapiiri. C'est ici aussi que se trouve le Village du Père Noël. Nous obtenons notre certificat de passage du Cercle Polaire.

Bon maintenant, fini de rire, le Cap Nord nous attend. Il faut être extrêmement vigilants pour ne pas être photographiés par les très nombreux radars et surveiller constamment les vitesses autorisées. Peu de voitures sur la route mais par contre nous croisons un écureuil, un lapin, et à sept reprises, des troupeaux de rennes.

En chemin, au vu d'un panneau annonçant « smoked fish » nous nous arrêtons dans un café-restaurant pour acheter du saumon fumé. Rencontre bien sympathique avec le propriétaire des lieux qui nous explique que cet hiver il a fait -37° et 1 m de neige. Les touristes viennent chez lui passer des vacances en motos neige. Pour notre part aujourd'hui, soleil toute la journée et une température inespérée de 25°.
Passage à Ivalo, Inari, Kasparjok puis nous traversons la frontière de Norvège. A Lakselv, nous ne sommes plus qu'à 200 Kms du Cap Nord et n'avons qu'une seule peur, que le beau temps qui nous accompagne depuis une bonne semaine ne nous abandonne maintenant que nous touchons au but.
La route devient sinueuse, lentement mais sûrement la forêt dense disparaît, les arbres sont plus petits et moins touffus, pour laisser place à des paysages plus montagneux, semi désertiques et encore recouverts de neige par endroits. Mais on longe en permanence le Porsangenfjord d'une grande beauté, surtout sous ce beau soleil.

Après avoir passé plusieurs tunnels, nous arrivons (enfin !) au NORDKAPP à 11 h. Le temps est radieux, la température de 20° extrêmement agréable avec quand même un vent assez fort. Le panorama à 360° est superbe. Selon la tradition, au pied du Globe, nous fêtons au champagne notre « exploit ». Dans l'après-midi nous visitons les différentes expositions proposées, regardons le film panoramique présentant le soleil de minuit quelle que soit la météo, achetons et postons les cartes dans le bureau le plus septentrional du monde par 71°10'21. Vers 19 h le ciel se couvre, nous ne pourrons pas admirer le soleil de minuit. Toute la nuit nous serons chahutés par un vent fort et tourbillonnant accompagné de pluie. Le matin, toujours beaucoup de vent, du brouillard, de la pluie et le froid en prime (4°). Nous décidons donc de quitter les lieux dans l'espoir de nous mettre à l'abri.

Depuis plusieurs jours, nous avions croisé ou doublé, admiratifs, des cyclistes équipés pour la longue route. A Honningsväg, sur une aire de repos, nous faisons la connaissance de Marc, un français venu de Mulhouse, qui effectue seul un tour du Monde sur son vélo équipé d'une petite remorque. Il fait si froid que nous l'invitons à boire le café. En quelques mots, il nous explique ses motivations et ses projets.
Nous prenons quelques photos et lui promettons de lui envoyer par mail. Nous ne manquerons pas de suivre son périple et de prendre de ses nouvelles. Chapeau, Marc, quel courage !

Sur la route en direction de Narvik, le soleil refait timidement son apparition (mais température toujours fraîche de 7°) et nous permet d'admirer ce paysage superbe que nous offrent les fjords, tout au long d'une route très sinueuse qui passe à flanc de montagne où subsistent encore de grandes taches de neige qui fond. D'une berge à l'autre, un kilomètre pas plus à vol d'oiseau, mais 40 kms de route pour en faire le tour : voilà ce qu'est un fjord, la beauté en plus : des montagnes abruptes et souvent enneigées venant mourir dans une eau limpide couleur bleu marine, jade ou turquoise.
A Andselv nous décidons, vu l'avance que nous avons sur notre programme, de passer par l'Ile de Senja en traversant le pont à Finnsnes. Calme et sérénité assurés. Tout au bout de la route, nous nous installons dans le village de Mefjordvaer, petit port dominé par des montagnes abruptes au bord du fjord. De notre emplacement extrêmement dégagé nous pouvons (enfin !) admirer le vrai soleil de minuit. Expérience inoubliable et rare. Cette île moins connue des touristes valait vraiment le détour et dans les jours à venir nous nous ferons souvent cette réflexion.
Nous prenons la direction de l'ouest de l'île. Un petit arrêt au Senjatrollet, un site assez curieux où se dresse un troll en stuc de dimensions impressionnantes, des personnages de légende mis en scène et une taverne comme un véritable tableau végétal. A Gryllfjord nous prenons le ferry pour Andenes sur l'île Andoya faisant partie des îles Vesteralen. Nous évitons ainsi 320 kms de route.
Nous entamons alors, sur plusieurs jours, un circuit d'île en île, chacune étant reliée à la suivante par un pont : Andoya (Brevik, Ase) Hinnoya (Roksoy) Langoya (Sortland) Hadseloya (Storkmarknes) direction Melbu.
Par ferry, nous débarquons sur la première des Iles Lofoten, Austagavoy (Fiskebol, Morfjord, Sommarhurstrand, Vestpollen, Svolvaer, tout au bout après le pont, Henningsvaer petit village surnommé « St Tropez Norvégien » où nous passons la nuit sur son vaste parking), Gimsoya, Vestvagoy (Limstand, Borge, Leknes) passage dans un long tunnel sous la mer, Flakstadoya (Flakstad) Moskenesoya (Reine, Sorvagen, Moskenes, A – oui, oui, A avec un petit rond sur le A, c'est bien le nom du village).
Des paysages tous plus beaux les uns que les autres, une succession de montagnes, de vallées, de fjords aux eaux transparentes vert émeraude ou turquoise, de plages de sable blanc, de hameaux et de villages. A Moskenes nous nous installons pour la nuit sur un petit promontoire au-dessus de l'eau où nous apercevons un phoque qui apparaît et disparaît à plusieurs reprises.

Les îles Lofoten sont très belles mais trop touristiques et semblent avoir perdu leur âme et leur côté sauvage, contrairement à Senja et aux Iles Vesteralen.

Nouveau ferry pour rejoindre BODO, sous un temps pluvieux et pas très chaud. Nous nous installons sur le parking du musée de l'aviation (« Norsk Luftfartsmuseum ») que nous visiterons le lendemain. Dans un bâtiment de 10 000 m², l'histoire de la conquête des airs est retracée, proposant une exposition de l'aviation militaire et de l'aviation civile (le Spitfire, le CF-104 Strafighter, le Ju 88, l'avion espion U-2, le F28, etc... soit 35 avions au total plus hélicoptères) ainsi qu'une collection extraordinaire de matériels de transmission, de moteurs, des représentations des tout premiers avions , la reproduction d'une tour de contrôle d'où l'on voit l'aéroport tout proche (http://luftfart.museum.no/Engelsk/

Dans l'après-midi nous nous dirigeons vers un lieu où l'on peut voir « Le Saltstraumen » décrit comme le plus puissant maelström (tourbillon marin) au monde, un phénomène naturel dû à la marée qui s'engouffre puissamment dans un passage étroit. Ce courant de marée se répète toutes les 6 heures ; près de 400 millions de m3 d'eau salée passent à une vitesse pouvant atteindre 20 nœuds par un goulet long de 3 kms et large de 150 m qui sépare le Saltenfjord du Skjerstadfjord.
Nous nous attendions à voir un énorme tourbillon (comme celui que l'on peut voir sur internet) ce qui n'a pas été le cas, car la marée n'était peut-être pas d'un coefficient assez grand, mais nous avons quand même été impressionnés par la puissance et la vitesse du courant formant de multiples tourbillons.
De nombreux pêcheurs se pressent près du bord, et en particulier un jeune couple qui nous offre, bien malgré lui, un spectacle à la fois curieux et un peu triste, mais dont la fin sera heureuse : le jeune homme lance son hameçon et remonte un poisson. Il lance une deuxième fois et remonte un poisson. Sa compagne nettoie les deux poissons et jette les entrailles à l'eau : une nuée de mouettes s'abat immédiatement dessus. Exactement au même moment, le jeune homme lance à nouveau son hameçon et là une mouette avale l'hameçon ou s'entortille dans le fil, incapable de voler. Il lui faudra plus d'une demi heure pour se libérer et reprendre son envol.

Moins de fjords, mais plus de montagnes enneigées, de forêts denses, de rivières, de cascades, de virages, nous sommes en route vers Trondheim. Environ 80 kms avant la ville de MO i RANA, c'est à nouveau le passage du Cercle Polaire, à une altitude de 800 m au niveau des neiges éternelles. Le site est sauvage - car nous sommes dans la toundra - et ne ressemble en rien au « folklore » que nous avions pu constater côté finlandais à Rovaniémi : un bar/boutique, une simple stalle en marbre surmontée d'un globe et un monument commémoratif de la guerre 1939-1945 marquent la ligne.

30 kms avant Mosjoen, nous faisons halte près de la puissante et très belle cascade Laksfossen puis continuons notre route pour avancer le plus possible.
Vers 15 h la fatigue commence à se faire sentir, nous trouvons près de la route E6 un terrain pompeusement dénommé camping dans le Borgefjell Nasjonalpark, au bord d'un torrent, au milieu de nulle part. Pour jouer au trappeur, JP fait un feu entre des grosses pierres installées là tout exprès.
Aucun élan ou ours n'est venu nous réveiller durant notre sommeil. Au petit matin la température est de 9° et le ciel bleu pur sans nuage ; encore 300 kms et nous serons à Trondheim. Les montagnes se font moins abruptes, toujours couvertes de forêts denses aux essences de bois variées, beaucoup de rivières, de torrents et de cascades.
Un peu avant Steinkjer, nous prenons la route 763 qui longe le lac de Snasavatnet ; les paysages faits de champs fraîchement fauchés, de pâturages avec des vaches et des fermes souvent couleur rouge brique nous rappellent un peu la Suisse, hormis la forme et la couleur des maisons. Nous nous arrêtons sur le site Bolareinen, en pleine nature (mais touristique bien sûr !). Après avoir emprunté un chemin glissant et tortueux dans les bois, nous découvrons les gravures rupestres qui dateraient de 6 000 ans : un renne très bien conservé et un ours nettement moins visible. Nous revenons par un autre chemin, gravillonné celui-là, et beaucoup plus court. Dans la petite boutique nous nous laissons tenter par une peau de renne comme souvenir peu commun de notre voyage.

En début d'après-midi nous arrivons à Lade, banlieue de Trondheim, qui propose une aire de stationnement pour camping-cars.
Température atteinte dans l'après-midi : 25 °. A 22 h sous un soleil toujours bien éblouissant, il fait encore 21°. C'est le sud, il n'y a pas de doute.
Le temps est agréable, nous prenons donc le bus qui nous dépose au centre de Trondheim. Visite de la cathédrale Nidarosdomkirken, l'un des plus beaux édifices gothiques de Norvège, qui fut élevée pour abriter les restes de Saint Olav, roi converti et baptisé à Rouen, puis canonisé l'année suivant sa mort en 1031. Nous visitons également le Musée archéologique - qui abrite des statues anciennes, des objets ayant appartenu à la population de l'époque – puis dans un autre bâtiment l'exposition des Joyaux de la Couronne qui retrace les différents couronnements royaux et présente de superbes couronnes couvertes d'or et de pierres précieuses et autres attributs royaux. Pour terminer sur ce site, nous effectuons la montée dans la tour de la cathédrale (171 marches), qui a lieu toutes les demi heures par groupe d'une trentaine de personnes, une fois que le groupe précédent est redescendu. En effet, l'escalier est si étroit qu'il permet tout juste le passage d'une personne. De là-haut, on passe de tour en tour pour profiter de la vue à 360° sur la ville.

Dans le quartier de Bakklandet, nous admirons le très célèbre pont Bybrua au décor de bois rouge datant du XVIIe siècle, et sur les rives de la rivière Nidelva les anciens entrepôts sur pilotis transformés en habitations et boutiques, aux couleurs variées.
Un orage qui menaçait éclate et nous nous mettons à l'abri, mais cela ne dure guère et le soleil revient rapidement en force. Après un déjeuner dans la plus pure tradition norvégienne, chez Mac'Do ! au marché aux fruits de la place principale, Torget, nous achetons des fraises avec une saveur que nous avions oubliée depuis bien longtemps ; au marché aux poissons de Ravnkloa, nous achetons des crevettes, du saumon mariné et du poisson fumé. Ensuite, retour par le bus à notre point de départ, pour retrouver le camping-car. Il a quand même fait bien chaud aujourd'hui, aux alentours de 25°

En passant par Dombas, une belle route de montagne bordée presque continuellement de torrents nous amène à Andelsnes (niveau 0 de la mer). Nous prenons, quelques kilomètres avant, la route 63 vers Geiranger fjord, route également connue sous le nom de Trollstigen (la route des trolls) qui conduit à un col à 850 m d'altitude en 10 kms, c'est dire si la montée est rapide, sinueuse et vertigineuse ! De là-haut, sur un promontoire avançant sur le vide, on peut admirer la cascade Stigfossen - haute de 180 m qui dévale vers la vallée - ainsi que la route que nous venons de gravir. Beau temps dans l'ensemble, avec 22° dans la vallée et 15° en altitude.

En poursuivant cette route qui maintenant descend plus calmement, nous traversons la région de Valldal où l'on cultive la fraise dans de grands champs. Nous prenons le ferry pour rejoindre Eidsdal. Environ 30 Kms plus loin, la route monte pour atteindre 900 m d'altitude et là, le spectacle depuis un promontoire est grandiose, magnifique, sublime, éblouissant. En contrebas, le petit village de Geiranger encaissé entre les montagnes bordant un fjord très étroit, le Geirangerfjord. Des bateaux de croisière qui entrent et sortent, semblent minuscules. Le site est classé au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. En plus, aujourd'hui, il fait beau. La route toute en lacets descend jusqu'au village puis, après l'avoir traversé, reprend des hauteurs tout aussi vertigineuses mais en montée, cette fois.

Nous prenons la route 15 qui file plein ouest vers Stryn et Maloy. Puis nous retrouvons la E39 qui passe par un ferry entre Lote et Anda. Le plus long, c'est l'embarquement des voitures, l'appontement et la descente des voitures ! Routes de montagne, fjords, tunnels, cascades, torrents, vaches et chèvres sur les routes … de grands classiques. Nous passons la nuit à Lavik près d'une station-service au bord du Sognefjord (le plus long fjord du monde, avec 204 kms) et au matin prenons le bac qui relie Lavik à Oppedal sur la E39 pour rejoindre Bergen.
Quelques kilomètres avant Bergen, nous trouvons un emplacement en contrebas de la route avec une vue superbe sur le Mangerfjord où passent des ferries, des voiliers et des bateaux de pêcheurs. Nous ne sommes en effet qu'à 20 kms de l'Océan Atlantique. Il fait beau, la température est de 18°, nous avons des tables et bancs en pierre rien que pour nous, cet endroit nous semble idéal pour nous reposer deux jours. Le midi, nous improvisons un barbecue avec des pierres pour faire cuire une entrecôte. Il ne manquait que les frites …

Le jour de notre Fête Nationale à nous, nous partons à 7 h pour être à Bergen à 8 h de manière à pouvoir trouver une place sur le parking spécial camping-cars, le Bergen Bobilsenter à deux pas du centre ville, sous le pont Puddelfjordsbroen. Payant et un peu bruyant, mais bien pratique pour se garer sans problème.
Puis nous partons à pied jusqu'à l'office de tourisme et achetons des billets pour le funiculaire Floibanen qui conduit en 7 mn au sommet du Mont Floyen à 320 m d'altitude et d'où la vue panoramique sur Bergen est impressionnante. Pour la descente, nous nous asseyons à l'avant (le frisson, on aime bien ...). Ensuite, nous allons flâner sur le quai de Bryggen bordé de hautes maisons en bois serrées les unes contre les autres, penchées, ne laissant que d'étroits passages entre elles qui permettent de se promener sur des planchers et découvrir tout ce qui se cache derrières les façades. On ne peut manquer bien sûr le très animé et très touristique marché aux poissons où l'on trouve aussi fruits, fleurs, légumes, confitures, saucissons de renne et d'élan, artisanat et souvenirs.

La foule commence à être dense, nous allons prendre l'air un peu plus loin sur une longue esplanade où jouent quelques musiciens. Un petit tour au bord du plan d'eau Lille Lungegardsvann puis nous visitons Johannes Kirken (Eglise Saint Jean) sur le chemin du retour.
Bergen est une ville pas très belle de premier abord mais qui en définitive se révèle bien agréable, animée, culturelle, avec une ambiance bon enfant. Et puis, la chance nous sourit toujours : il paraît qu'il pleut 320 jours par an et « rien que pour nous » le soleil a brillé une grande partie de la journée.
Une blague bien connue des Bergenois : Un touriste demande à un enfant si la pluie s'arrête quelquefois de tomber à Bergen. « Je ne sais pas, je n'ai que huit ans » répondit celui-ci

En partant vers Voss et Flam, et en traversant d'innombrables tunnels (sans doute une trentaine) dont le plus long mesure presque 12 kms, nous passons dans le petit village d'Undredal qui possède l'église en bois debout (stavkirke) la plus petite de Scandinavie. Adorable village où nous avons déjeuné au restaurant du minuscule port au bord du fjord (viande de chèvre, pommes de terre et légumes) et acheté des fromages de chèvre, spécialité régionale – dont le « brun » au goût de caramel à déguster en petites tranches très fines sur du pain beurré ou des pancakes

A Flam, nous admirons le départ du train touristique qui assure la liaison avec Myrdal, sur la ligne Oslo-Bergen. Mais vraiment, cet endroit est trop touristique ; outre le train, c'est le point de rencontre des ferries et autres paquebots qui sillonnent le Sognefjord.
A quelques kilomètres de là, nous trouvons un emplacement pour la nuit près du fjord Aurlandsfjorden à Aurland.
Peut-on rêver, avec 18° ce matin, d'un cadre plus idyllique que ce fjord pour un petit-déjeuner pris dehors sur les bancs et la table en pierre. Après le passage du Laerdalstunnellen, un tunnel long de 24,5 kms, la journée entière sera consacrée à la visite des églises en bois debout
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stavkirke
en suivant le chemin des écoliers (route E16, route 52 jusqu'à Gol puis route 7 jusqu'à Geilo puis route 40). On traverse la vallée du Numedal au pied des Monts de Hardangervidda, surnommée « vallée du Moyen Age » car jalonnée de vestiges du passé, maisons anciennes, greniers surélevés (stabbur).
Tout au long de ce trajet, nous nous arrêtons successivement à Borgund – église construite au XIIe siècle, coiffée de dragons (pour éloigner les mauvais esprits) - Torpo, puis Uvdal qui a deux églises : dans le centre Uvdal Kirke construite en 1893 puis 5 kms plus loin Uvdal Stavkirke, construite en 1170 et sur le même site le musée de plein air Bygdetun regroupant des constructions de l'époque (greniers, étable, écurie, forge, sauna pour sécher les récoltes). Dans un ancien grenier sont exposés des tableaux très colorés d'un peintre, Lisbeth Vilkan Glad. Nous en profitons pour déguster un goûter composé d'un café accompagné de « woffle » une crêpe épaisse servie avec de la confiture de framboise et une crème au léger goût de fromage. Un écureuil peu farouche monte sur la table pour manger quelques miettes de la crêpe.
Dernière visite d'église en bois debout, celle de Heddal (près de Notodden) - construite en 1250 et restaurée en 1954 – considérée comme la plus grande de Norvège, appelée la « cathédrale en bois » et celle que nous avons préféré. A quelques mètres également, un musée de plein air (bygdetum) présente des maisons typiques, de la période médiévale à 1930.

Ah ! Les effets miroir des lacs sous la brume du petit matin, quelle merveille !

Retour vers Kongsberg pour reprendre la E134 en direction d'Oslo. Nous nous garons sur un très grand parking (gratuit) près de la station de métro Sognsvann d'où il est très facile de rejoindre le centre d'OSLO en 15 mn.

Grâce à l'Oslo Pass acheté à l'office de Tourisme, à pied, en métro, en tram et en bateau nous visitons divers musées :
. Norsk Folkemuseum : musée de la culture norvégienne populaire présentant une exposition de meubles et objets en bois, des vêtements, des objets de la vie courante. L'écomusée en plein air, construit comme un village, regroupe plus de 150 maisons, greniers, étables en bois illustrant les modes de vie des diverses régions depuis le Moyen Age jusqu'au début du XXe siècle, ainsi qu'une belle église en bois debout, la Stavkirke de Gol.
. Vikingskipshuset : musée des bateaux vikings (utilisés pour les funérailles) bien conservés : le Gokstad, le Oseberg et le Tune.
. Frammuseet : musée des explorations polaires et exposition du navire polaire en bois, le FRAM
. Kon-Tiki Museet : exposition du radeau Kon-Tiki et du bateau en papyrus le Ra II
. Norsk Sjofartsmuseum : musée norvégien de la marine qui expose de nombreuses et superbes maquettes de bateaux vikings, navires de la marine marchande, chalutiers, navires de guerre, supertankers, le Norway et divers objets liés à la mer.
. Naturhistorisk Museum : très belle collection de pierres, fossiles, minéraux, morceaux de météorites, pierres précieuses du monde entier (et peut-être de la lune ?) ainsi que des squelettes de dinosaures
Nous avons également visité la cathédrale Domkirke avec ses plafonds gigantesques peints de fresques modernes et enfin une attraction touristique sur le site de Holmenkollen en rénovation : par un ascenseur on atteint la tour du tremplin de saut à ski qui est remarquable par son design, le tremplin ne reposant au sol que par sa partie inférieure. De là-haut, sur une plateforme au-dessus du vide, on a une superbe vue – par temps clair et ensoleillé comme aujourd'hui - sur Oslo, ville où se dérouleront les championnats du monde de ski en 2012.
Retour par le métro à 20 heures. Sur le parking où nous sommes garés, nous sympathisons avec trois couples de camping-caristes, l'un venu des Bouches-du-Rhône et les deux autres du Territoire de Belfort : installés entre les camping-cars autour d'une table, un verre de pastis ou de bière à la main, quelques cacahuètes et autres amuse-gueules, nous passons une bien sympathique soirée.
Après une balade à pied, par un beau soleil matinal, autour du lac de Sgnosvann tout proche, nous quittons Oslo sous la pluie. Que le temps change vite dans ces régions !
A Halden nous voici de nouveau en Suède, il pleut toujours. A une centaine de kilomètres avant Goteborg, en arrivant à Smögen – gros village touristique construit sur une île, avec son port et ses maisons colorées bâtis sur et au milieu des rochers - nous retrouvons quelques rayons de soleil. Nous nous garons sur un petit parking près d'un minuscule fjord tranquille. Grâce aux SMS et au GPS, nos amis camping-caristes du « 13 » nous y rejoignent un peu plus tard.

Au nord d'Helsingbord à Höganas nous découvrons un parking autorisé en bord de mer. Il est 20 h et la température affiche encore 26°. Le lendemain, beau ciel bleu et soleil dès le matin. En fin de matinée et toute la journée, le parking ne cesse de se remplir : cette petite plage semble bien connue des Suédois et des vacanciers. Dans l'après-midi la température extérieure monte jusqu'à 28° et nous ne résistons pas au plaisir de la baignade : l'eau doit être à 18° environ et compte tenu de la chaleur, c'est bien agréable ! Nous avons pris quelques coups de soleil également ; ici aussi c'est l'été. A l'intérieur du camping-car, à 16 h, la température est de 32°.

Départ très tôt à 6 h pour éviter l'attente au ferry à Helsingborg. A partir de Copenhague, le voyage à proprement parler se termine – celui du temps de la découverte et de l'aventure - car les kilomètres à venir constituent uniquement l'inévitable retour, avec les mêmes étapes qu'à l'aller

Temps globalement assez couvert avec alternance de pluie et de soleil tout au long de cette longue traversée (près de 2000 kms) de l'Allemagne puis de la France.
Retour au bercail le 27 juillet après 52 jours, 10959 kms et 5 215 000 tours de roues de camping-car et plus de 1500 photos à visualiser, trier et …. choisir. Notre plus grand regret sera de n'avoir pas réussi à voir l'ombre d'un élan alors que la route est truffée de panneaux danger annonçant ce cervidé. Le seul que nous ayons réussi à photographier est celui, empaillé, du magasin du Cercle Polaire le 6 juillet. D'autres touristes nous disent en avoir vu, mais par contre n'ont pas rencontré un seul renne !

A N N E X E

Nous avons recherché très exactement la définition des cercles polaires. Voici ce qu'en dit Wikipédia : « les deux cercles polaires sont les parallèles des régions polaires au-delà desquels il existe au moins une journée où le soleil ne se lève pas en hiver, et ne se couche pas en été. Leur latitude, nord ou sud, égale l'angle d'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre par rapport à l'axe céleste (ou l'angle d'inclinaison de l'équateur par rapport à l'écliptique). Leur distance angulaire aux pôles est de 23°26' (la même distance angulaire sépare les tropiques de l'équateur). Le cercle polaire arctique traverse la péninsule Scandinave (Finlande, Suède et Norvège), l'Islande, le Groenland, le nord du continent américain (Canada et Alaska) et le nord de la Russie. Le cercle polaire antarctique est quasiment intégralement situé sur l'Océan Antarctique et délimite de façon approximative la forme du continent Antarctique ».

La définition d'un fjord (source Wikipédia) est la suivante :
« Un fjord ou fiord (mot norvégien, prononcé comme fiourde ou fiour) est unne vallée glaciaire très profonde, habituellement étroite et aux côtes escarpées, se prolongeant en dessous du niveau de la mer et remplie d'eau salée.
L'eau de surface des fjords est très peu salée : elle est en grande partie issue de torrents et de la fonte des neiges. Il s'agit d'une eau froide mais douce. Moins dense que l'eau salée de la mer, cette eau ne s'y mélange que lentement et la surface de la mer reste donc assez douce ».

Quelques chiffres concernant la FINLANDE :
- superficie : 338 145 km²
- nombre d'habitants : 5 300 000 (dont 560 000 à HELSINKI) soit 15 habitants au km²
- 187 888 lacs et 179 584 îles
- les forêts boréales couvrent 68 % du pays

Quelques chiffres concernant la NORVEGE :
- superficie : 323 880 km²
- nombre d'habitants : 4 700 000 (dont 580 000 à OSLO) soit 14 habitants au km²
- les forêts représentent 23 % de la superficie, les terres arables 2,7 %, les montagnes, lacs et terres incultes couvrant le 73,5 % restants
- par contre, pratiquement chaque famille doit posséder une caravane, un camping-car, un bateau et/ou une seconde maison dans les bois ou près des fjords

Détail des différents frais en € du voyage (hors achats personnels, souvenirs, cartes, etc …)
- gasoil : 1515
- courses alimentaires : 780
- ferries : 920
- campings, aires, lavage linge : 430
- péages, tunnels, ponts : 330
- visite villes, musées, églises : 420
Total : 4395